-
Arwan et Enora
Episode 1
L’ aube ne tardera pas pointer le bout de son nez. Le moment ou le jour chasse les ombres de la nuit reste un instant époustouflant que peu de personnes peuvent apprécier .Notamment dans cet endroit magique, féerique.
C’est la nature qui s’éveille, premier signe annonciateur, le coq que l’on entend mais ne voit pas. La cloche du village ne va pas tarder à carillonner après sa pause de la nuit.
L’on frissonne encore, mais bientôt on appréciera la fraicheur du lac que l’on aperçoit en contrebas
La lueur de la pleine lune s’attenue doucement, le soleil lui volera la place.
Agenouillé derrière un buisson d’aubépine il attend. C’est l’heure du rendez vous, bientôt elle sera là.
Un bruissement le fait sursauter, la voilà, c’est elle l’être enchanteur qui hante ses heures.
Comment un être semblable peut il exister ? Depuis sa première rencontre il est subjuguée par Ondine (une légende de village raconte qu’il vaut mieux l’éviter, par sa beauté époustouflante elle séduit les jeunes males et les entrainant avec elle dans le lac et les noient)
Depuis des années personne n’a plus fait allusion aux apparitions de cette déesse en cet endroit , et il s’en est gardé, d’abord par crainte d’être pris pour un fou mais surtout afin de garder la belle pour lui. Il croit en la légende, cet être si parfait auréolée de mystère ne peut exister en ce monde. Ses aspirations les seuls jours de pleine lune comme un rituel ne peut s’expliquer autrement. Aussi pour lui la sculpturale jeune femme ne peut être que l’enchanteresse Ondine.
Elle chantonne, d’une douce voix cristalline et envoutante, en quelques pas d’une démarche gracile elle atteint les eaux miroitantes, dans se yeux émeraudes brille milles étoiles.
La clarté de lune rend lumineuse sa blonde chevelure qui tombe en cascades sur se épaules nues.
Bientôt elle va se dévêtir et ses voiles de dentelles diaphanes tomber à ses pieds dévoiler la belle dans sa sublime nudité
Il se sait voyeur, mais et est ce du voyeurisme que d’apprécier le spectacle d’un être chimérique ?
Tout à ses pensées, il en perd sa prudence, une branche craque sous ses pieds, un grondement et bientôt un monstre le tient en respect.Episode 2
Une terreur sans nom s’empare lui. Aucune possibilité de fuite, il recule déjà autant qu’il le peut. La frayeur et l’attaque la jeté au sol et il est là reculant, mais bientôt il se trouve acculé au dos d’un arbre, un oranger, un drôle d’arbre en cet endroit songe t il.
L’attaque a été soudaine, il n’a rien vu venir, tout à sa contemplation de sa douce apparition.
L’animal gronde, retroussant ses babines et dévoilant des crocs impressionnants effrayants, une simple morsure doit vous être fatale se dit il.
Il n’a plus aucune chance, trop tard pour se relever et se mette à courir la bête l’aura rattrapé avant qu’il ne tente quoi que se soit.
Apeuré le jeune homme n’ose faire un mouvement, il se tasse sur lui-même espérant diminuer la distance entre lui et la bête qui le tient en respect si près, trop près, à le frôler.
Arwen peut se mirer dans les yeux étranges de l’animal, un loup peut être ou un chien sauvage, des prunelles immenses mordorées, une crinière d’un gris perlé peu commun
Il sait qu’il doit maitriser sa peur, elle le dessert, suintant par tous les pores de sa peau. Il se souvient des recommandations de sa grand-mère les jours où elle tentait de lui enseigner des bases de survie, les soirs d’orage .Ces jours là étant plus propices pour la communion avec la nature. Elle lui enseignait la flore, l’usage des plantes pour des potions dont seules les femmes de la famille détenaient le secret Une transmission orale de mères en filles, ou parfois à une élue.
Arwen s’ennuyait ferme ces jours la et ne cessait de flagorner afin d’être libéré au plus tot. Ce qui ne marchait pas vraiment, Grand-Ma restait insensible aux flatteries. Elle s’agaçait, soupirait désespérée :
- Tu dois apprendre, les peurs engendrent des créatures malfaisantes, Elles te reniflent à mille lieux à la ronde et se repaissent de nos frayeurs, elles s’en régalent, se plongent dans cette fange immonde.
De plus la peur te ronge et te détruit de l’intérieur. Elle t’entraine dans le coté obscur et détruit le pouvoir de ton don.
Son don depuis quand ne l’avait il pas utilisé ? Il s’en veut soudain et se met à rager intérieurement, il pourrait se tirer de ce guêpier grâce à lui. Pourrait-il puiser au fond de lui cette énergie nécessaire et la canaliser pour l’utiliser à bon escient ?
Il devait tenter l’impossible de toute façon il serait mort bientôtEpisode 3
Arwen ferme les yeux puisant au fond de lui-même énergie nécessaire et se surprend à la trouver.
Une lueur incandescente émane de lui brusquement, jamais il n’aurait pensé que tout soit encore là, latent et que la puissance de ce don inutilisé depuis si longtemps puisse resurgir aussi aisément. Les rares réunions de la confrérie qu’il méprisa longtemps, s’avèrent finalement profitables.
Une douce chaleur l’envahit, il le perçoit de la racine de ses cheveux à tous ses membres. L’animal gémit effrayé, il l’entend et rouvre les yeux. Une bouffée d’orgueil le submerge aussitôt découvrant l’animal à sa merci.
Ondine est à ses pieds, la main posée sur la tête de la bête dans un geste qu’elle veut rassurant.
Sublime beauté fatale pense Arwan se demandant ce qu’il va se passer
- Qui es- tu ? lui demande Ondine
- Je suis Arwen petit fils d’ Armaelle .
Ondine recule sous l’effet de la surprise le nom d’Armaelle est très connu dans son monde, tout comme ses talents de magicienne. Une famille dont l’arrogance ne connaît aucune limite sans aucune once d’humilité. Légende ou réalité selon les uns ou les autres.
Arwen encouragé par ce changement de situation se lève époussetant son jean maculé de terre, la jeune femme est grande, mais il l’est encore plus avec son 1, 80 et cela lui déplait qu’elle le toise de toute sa hauteur, lui donnant un sentiment d’infériorité. Elle soutient son regard avec morgue lui semble t il.
Ils sont là, face à face, Arden toujours subjugué par la jeune femme. Son aura est immense, mais il sait qu‘il ne craint plus rien son bouclier fonctionne à merveille au-delà de ses espérances, elle le sait aussi.
- Et toi ? Ondine ? lui lance-t-il
La jeune femme éclate de rire, de ce rire cristallin qu’il a entendu 1000 fois depuis qu’il l’a piste.
Arwen se demande ce qu’il peut être aussi drôle. La réponse ne tarde pas à venir.
- Je ne suis pas Ondine, auquel cas tu serais mort depuis longtemps malgré tes pouvoirs, à la première seconde à laquelle tu as commencé à m’épier. Ton autopsie réclamée par l’agent Arnold laisserait planer le mystère sur ta mort soudaine. Les humains cherchent toujours des réponses rationnelles Crois moi la rencontre n’aurait pu être plus conviviale bien que faite autour d’un bon repas !
Arwen tressaille en entendant ces mots. Il n’aurait jamais imaginé une telle confrontation.
La jeune femme sourit, heureuse de le surprendre à son tour.
- Je savais ne pas être en danger malgré les craintes d’Anaïg reprend elle en désignant la louve qui s’est couchée à ses pieds. Mais il semblerait que son avis soit resté différent puisqu’elle t’a piégée. Elle a pris d’énormes risques.
Au loin un loup hurle, Anaïg lui répond et se met en route comme répondant à son appel.
- Oui rentrons il est temps, la lune va bientôt disparaître. Souffle t elle à la louve. Sur ce elle tourne les talons et s’élance vers le lac de sa démarche gracile
- Attend je ne sais pas ton nom lui crie Arwan.
Elle s’arrête, se tourne vers lui pose un baiser sur ses doigts et l’envoie en sa direction
Arwan en sent le souffle sur sa joue, c’est comme si elle l’avait réellement embrassé.
- Nous nous reverrons bientôt Arwan.
Arwan reste là les bras ballants, frustré sans réponses à toutes ses nouvelles interrogationsEpisode 4
Furieux de s’être laisse surprendre comme un gamin, furieux d’avoir été a sa merci quelques instants, furieux d’avoir laissé cette peur l’envahir. Oui sa grand-mère avait bien raison, la peur est anti productive et peut vous détruire, balayant toutes vos défenses, il vient de le découvrir à ses dépens.
Le coté positif de cet incident : la redécouverte de son don, un don qu’il ne maitrise pas dont il ne connaît pas non plus les limites, il en est parfaitement conscient. Il réalise qu’il vient de jouer avec le feu.
L’éclat du soleil qui se lève sur le lac en contrebas, le distrait de ses réflexions
Comme à chaque aube nouvelle se vêtant de sa robe araméenne il reste ébloui par ces quelques instants magiques, il ne saurait l’expliquer mais ce passage de l’ombre à la lumière le remue de l’intérieur d’une manière étrange.
C’est le moment de la journée qu’il préfère, les couchers de soleils le laisse indifférent, pire même l ‘indispose. Quand adolescent ses jeunes petites amies rêvaient de baisers romantiques ici même à la tombée du jour, il n’aspirait qu’a fuir à toutes jambes devant ces lueurs, à ses yeux menaçantes.
Débout les mains enfoncées dans les poches de son jean, il ressasse les événements venant de se produire. Un frisson remonte le long de sa colonne vertébrale en songeant à l’attaque soudaine, à la puissance de l’énergie protectrice toujours présente, à la réaction étrange de l’inconnue à l’énoncé de son nom : Arwen petit fils d’Armaelle.
Et soudain il se souvient. Les familles craintives se reculant sur leur passage, les regards fuyants, les évitements. Les jeunes filles provocantes se pavanant à son bras sous les yeux éberlués et affolés des veilles femmes.
Enfant rebelle, anticonformiste, il jugeait ces comportements risibles, sa Grand Ma une vieille toquée jouant à la magicienne jusqu’à ce quelle l’initie …un peu, puisqu’il n’écoutait que d’une oreille distraite ces leçons dans la grange, et fuyait les réunions de la confrérie (assemblée d’ancêtres, vieillards rabougris et ennuyeux se prenant pour des sages).
Aujourd’hui les éléments prennent place comme un puzzle, et le frisson s’accentue, une peur sourde vient l’envahir. Des événements graves se profilent à l’horizon, son destin en marche .Et ce depuis le rituel de l’acréantement, cérémonie à laquelle il s’était plié sans en comprendre la réelle importance, toujours inconscient de la vraie nature de sa famille.
Oui tout devient limpide, comment avait il pu se mentir aussi longtemps, écartant loin de lui la vérité : son monde est ailleurs.
Et le sien à elle également, ces derniers événements viennent de dessiller son âme.
Oui ils vont se revoir et plutôt qu’elle ne le pense, elle viendra à sa recherche car bientôt elle aura besoin de son aide Cette pensée est ancrée au fond de lui, il ne sait comment ni pourquoi. Elle deviendra son amante. C’est écrit.
Enora, son âme sœur, ils sont liés au delà du temps et de l’espace depuis le jour de leur naissance. Grand –Ma le lui avait révélé en lisant dans les runes. Il ne pourrait dire pourquoi toutes ces images sont si précises, elles affluent comme une vague menaçant de le submerger, elle le ramène en arrière dans son passé, l’abandonnant sur des rivages oubliés.
Mais de nombreuses questions restent à cette heure sans réponse, il lui faut se mettre en marche.
Aujourd’hui une nouvelle vie commence, sa vie.Episode 5
Ce matin là, tandis que l’aurore se teinte de ces éclatantes couleurs annonciatrices d’une douce journée, Arwan rentre chez lui d’un pas décidé Il ne réalise pas complètement que cette confrontation va bouleverser sa vie. Oui il sent au tréfonds de son âme que l’heure est aux changements. Au temps béni de son adolescence, durant laquelle il jouait avec insouciance, moqueur, il ne croyait en la puissance de la magie de Grand Ma, ni en celle de cette assemblée dite de sages. Pour lui, un ramassis de vieux débiles avec Grand Ma en tête. Orphelin très rapidement, sa mère n’avait jamais pu tempérer ses comportements. Celle-ci décédée aujourd’hui, l’avait mis au monde après une grossesse très difficile
Il réalise soudain que Grand Ma avec sa grande sagesse, détentrice de ce savoir patientait en attendant l’éclosion du papillon.
Arrivé sur la place du village, il croise les tôt levés .La boulangère vient juste de lever le rideau de sa boutique. C’est une petite femme à l’allure élancée, au regard d’une grande douceur. Qu’il pleuve, qu’il vente, que le soleil soit impitoyable, enfin quel que soit le climat, elle porte cette robe vaporeuse de plusieurs voiles et il semble toujours qu’elle va prendre son envol. Elle ressemble à une libellule,
Aujourd’hui il comprend, oui Madame Odonate est une Evoluform, une femme libellule en réalité. Et porte si bien son nom réalise t il soudainement. Celle-ci reste interloquée en le regardant passer, et pense que l’heure de la transformation vient de sonner. La métamorphose en cours confirme la légende d’ Arwan et d’Enora.
Car Arwan ne réalise pas, n’énergie vitale, l’aura qu’il dégage n’est pas éphémère. Eblouissante, aveuglante elle le transcende, le rend majestueux. Il est reconnu, c’est lui l’élu.
Madame Odonate frissonne de crainte aussi, l’évolution est en marche. Il ne sera plus nécessaire de se déguiser, de dissimuler sa vraie nature, mais il faudra se battre aussi, les cafards vont sortir de l’ombre.
Elle le salue avec le respect du à son rang, Arwan sourit surpris, alors que l’épicier se précipite à son tour pour lui serrer la main avec force, rejoint par le boucher et en quelques minutes un groupe hétéroclite l’entoure, tous des personnages d’un autre monde. Il sait au fond de lui qu’ils se cachent dans cette ville perdue au milieu d’une population humaine qui ignore leur existence.
Ainsi il sait, intuitivement, que Banshee se régénère tous les 15 ans. Comment le sait-il ? Jusqu’à la veille, il se considérait comme un jeune homme ordinaire menant une vie monotone dans cette petite ville triste. Il se sent comme une chenille longtemps en hibernation, qui vient de se transformer en magnifique papillon.
Les marques de respect et d’attention l’émeuvent, il se sent pousser des ailes, se sent fort, puissant et effrayé en même temps. Et surtout son cœur s’emballe à la seule pensée d’Enora, il se sait éperdu d’amour pour sa promise. Une certitude qu’il ne peut s’expliquer.
- Arwan Edwin Brewhen tonne la voix de stentor de sa grand-mère, les faisant tous sursauter.
Aussitôt la foule s’éparpille, chacun rejoignant, qui sa maison, qui sa boutique, retournant ainsi à ses activités.
Grand Ma postée sur la grand place, les mains sur la hanches, sanglé dans un tablier blanc immaculé, des petites lunettes rondes au bout de son nez, un chignon bien serré sur la nuque ressemblait à une douce petite grand-mère ordinaire mais en réalité s’avérait être une femme de tête, impitoyable parfois. Nul ne l’ignorait la vénérant et la craignant encore plus.©MBCRéas