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     Photo © Julien Ribot

     

    Assis à son bureau Stéphane, consulte le profil Facebook de Géraldine Ronfleur, la jeune fille de 16 ans  retrouvée dans le tiercecolle la semaine dernière. Les parents sont venus pour l’identification. Ils avaient signalé la disparition de la jeune fille dix jours plus tôt. Ils sont repartis effondrés, la jeune victime, s’avérait être une jeune gamine plutôt sage aux dires de tous, pas vraiment aventureuse, d’un physique assez banal, pas du tout le profil des victimes, établi par l’équipe sur l’affaire en cours : assassinat de jeunes fille entre 15 et 17 ans après séquestration et violences. Trois meurtres sadiques en deux mois, des jeunes filles fréquentant le même lycée, plutôt négligées par leur famille.


    Mais Stéphane ne souhaite écarter aucune piste, l’assassinat d’une nouvelle gamine de 16 ans, coïncidence ? Dans son dernier statut Géraldine, se définissait comme heureuse, et la géo localisation et une photo l’accompagnant la situait sur un grand marché de la capitale dix jours plutôt, date probable de sa disparition. Sous la photo des émoticônes sourires de ses amies, mais pas  de commentaires.
    Laurie en charge des interrogatoires de ses proches , n’avait rien pu apprendre. Géraldine était restée plutôt secrète sur une rencontre avec un beau jeune homme au physique de mannequin Une autre coïncidence, que l’instinct le Stéphane ne peut ignorer.


    Stéphane soupire, se lève, et enfile son blouson de cuir, et y glisse  dans la poche intérieure une photo de la jeune fille au sourire radieux.
    - Allez Laurie, allons faire un tour au Marché des Enfants Rouges, puisqu’il semblerait que ce soit le dernier endroit où on aurait pu l’y voir.
    Laurie se lève à son tour, abandonnant ses recherches en cours
    - je ne suis pas très optimiste, c’est un marché très fréquenté, qui va pouvoir se souvenir, d’une jeune fille au physique insignifiant dans la foule compacte et pressée d’un lundi matin ?
    - j’en ai conscience mais il faut bien tenter quelque chose et qui sait, il suffit d’une personne attentive aux autres. J’ai entendu dire que certains photographes aiment y trainer, et prendre des photos sur le vif, j’ai vu un jour, une exposition d’un jeune photographe amateur sur les grilles du Jardin du Luxembourg, des belles scènes de vie quotidienne, alors tentons notre chance.


    Arrivés sur les lieux, après avoir bravé les embouteillages, ils garent leur véhicule près d’une des entrées rue de Bretagne. Ce marché est un des plus vieux de la capitale, datant de 1628 anciennement appelé Petit marché du Marais, classé monument historique, et menacé de destruction un temps, il fait aujourd’hui le bonheur des habitants du quartier et des touristes.


    Il faut savoir apprécier l’ambiance des marchés couverts, les odeurs qui s’y mêlent, émanant des étals de fruits et légumes, de fromages, viandes et poissons…les harangues de marchands vantant la qualité de leur marchandise, et les prix défiant toute concurrence. Il ne faut pas être agoraphobe, et supporter de côtoyer la foule. Pour qui aime cette ambiance particulière, c’est un endroit magique.
    Des femmes jeunes sveltes et élancées vêtues de couleurs chatoyantes côtoient des petites grands-mères ratinées enserrés dans des vestes sombres tirant derrière elles les caddies redevenus à la mode dans lesquels elles rangent précautionneusement leurs achats, les articles les plus fragiles sur le dessus. Les jeunes préfèrent les grands cabas bariolés aux couleurs vives.
    Ici on se tutoie entre habitués, certains touristes trainent, photographiant les étals de pamplemousses et oranges du Portugal, d’autres goutent les fruits proposés par les marchands ou le saucisson de sanglier du stand de spécialités Corse.
    - Un drôle de lieu de rendez vous pour une jeune fille et un garçon, tu ne trouves pas ? S’étonne Laurie. J’aurais plutôt pensé qu’il l’attirerait dans un bar populaire autour d’un verre repend elle Pourquoi donc ici ?
    - Franchement je dois avouer que toute cette affaire me déconcerte, je ne comprends pas les liens possibles, de plus, nous avons retrouvé la victime à Montmartre dans la cave d’un vignoble dans lequel il n’est pas très aisé de pénétrer, lui répond Stéphane. Montrons sa photo.

    Mais une demi heure plus tard, ils sont bredouilles, hochements de tête négatifs, personne ne se souvient de Géraldine, marchands et clients confondus. Stéphane et Laurie dépités prennent le chemin de la sortie Rue de Beauce. Il faut retourner rue de Bretagne, là où ils ont laissé leur voiture en stationnement. Il est près de midi et les odeurs appétissantes diffuses émanant du bar à vin Les enfants rouges, titillent leurs papilles tant et si bien que Stéphane propose à Laurie de faire une pause. C’est une fois installés en terrasse de ce restaurant construit sur le site d’un ancien couvent et ne manquant pas d’originalité (les propriétaires asiatiques proposent une cuisine typiquement française ) que Laurie se voit interpeller par un jeune homme d’une trentaine d’années leur demandant l’autorisation de les photographier. Il leur explique sa démarche, et les deux enquêteurs se regardent qui sait la chance vient peut être de tourner, le jeune amateur de photos bat régulèrent le pavé de ce quartier et plus particulièrement le marché.

     

    ©MBCRéas 

     

    Marché de Provence

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    Une superbe image

     

     

     C'est une maison bleue adossée à la colline... 

     

     

    Ah les paroles  de cette chanson  correspondent à la maison  de grand mère, juste que les murs ne sont pas bleus et que nous ne sommes pas à San Francisco , mais au cœur de la Provence, la terre de mes ancêtres.  Ses murs sont ocres comme les terres avoisinantes, celle de mon pays natal ce Colorado Provençal que beaucoup nous envient, oui un paysage aux couleurs flamboyantes.. Dans ma famille les hommes étaient ocriers de père en fils. Une tradition quasi millénaire, oui j'exagère un peu,  ok , beaucoup même,  mais aussi loin que l'on remonte dans notre histoire familiale,tous les ainés travaillèrent sur le site pour différentes exploitations. Mon oncle Hector rendit son tablier en 1992, les ocres synthétiques ayant pris le pas sur les ocres naturels.

    Aujourd'hui mamie nous a quittée, les volets sont clos , les persiennes  ne sont pas non plus entrebâillées , pour nous préserver de la chaleur  torride de l'après midi, cette heure si propice à la sieste. Les volets sont clos et mamie ne  se tiendra plus jamais sur le pas de la porte, aux couleurs délavées par les saisons. Je l'entends encore nous houspiller alors que nous  bravions la canicule , à jouer  à sautiller dans la cour pavée sans chapeau ni casquette , dans l'inconscience de notre jeunesse.

    Le crépi de la façade se délite dangereusement , il faudra se décider à faire venir un entrepreneur, et par n'importe qui, un expert qui utilise nos ocres naturels.  Je sais que c'était le projet de ma grand mère, elle s'était mis en colère contre mon frère Max, qui s'était gentiment proposé

    - Je  vais te le faire, ce  ravalement de  façade , ben voyons , pas besoin d'en faire un fromage , juste moi  quelques amis. On tireras la table sous le figuier, tu  nous feras ta ratatouille et tes panisses, ta spécialité  mamounette Nous avec les potes ,on s'occupera du crépi et ta maison sera tout neuve. T'oublieras pas de faire  le plein de pastaga , parce que Rémi et Nans ils se contentent pas d'un chicouloun.

    -Agante Blaise, le voilà qui  prend pour un entrepreneur. Pff une demeure pareille, du crépi avec de la peinture chimique,  t'es tombé sur la tête le minot J’appellerais le Jean Pierre, parce que je vous voit venir. Vous allez  vous empéguer , et tout  chapacaner , et on y sera encore à l'an pèbre

    Max s'était vexé , bien sur. Mais mamie les derniers temps était excusable,  avec son  Alzheimer débutant,  ses sautes d'humeur,parfois agressive, parfois câline, souvent égarée  dans ses souvenirs d'antan. Je souris me  remémorant moi  même certaines scènes anthologiques, nos jeux dans le hall d'entrée, juste  derrière cette porte  désormais close. Une porte comme dans la maison  bleue de Maxime, autrefois ouverte à tous et à toutes.

    Oh que j'aime  cette maison dans laquelle résonne encore à mes oreilles , l'accent de mamie, le rire des arrières petits enfants qui la faisait répéter encore et encore

    - Allez mémé Fanny raconte  l'histoire de  la parisienne et de dégun .

    Et mamounette de soupirer, lever les yeux au ciel et de   raconter pour la énième fois.

    -  Francine,  la parisienne, la  mère de Tristan, tu sais celui qui habite à l'entrée du village, eh ben non il est pas provençal celui là, même qu'au fond  de lui ,il l'est bien plus que certains jeunes du village ,  elle était montée ici comme tout le monde. A croire qu'ils pensaient  tous  que c'était guinguette, mais çà me gênait pas. Ça prenait le chemin depuis l'église, pour monter jusqu'à la croix la haut et tout assoiffés ils s’arrêtaient la  pour souffler sur le banc qu'il y avait  sous la fenêtre. Oui j'ai planté des fleurs à la place depuis et le banc a fini sa vie dans la cheminée. Donc la  Francine, elle venait juste en vacances les premières années puis bien sur , elle a eu le coup de foudre pour nos collines ocres, la chaleur de notre accent, et sa belle  mélodie Il lui a fallu du temps pour comprendre nos expressions. Mais j'ai jamais tant ri que pour l'histoire de dégun  Un été elle avait voulu  à tout prix que j'aille au cinéma avec elle, me faire découvrir Aix, parce que moi  la ville vous voyez les pitchouns , c'etait pas ma tasse de thé, j’arrivais pas en m'en dépéguer de la Francine, une vraie arapède, elle m'avait prise en sympathie et moi aussi,une parisienne !  Qui l'eut cru ! Bref nous voilà parties , à la ville.  arrivées au cinéma , la salle était presque vide Sur fallait être barge pour aller voir un navet pareil,  !

    - et beh il a dégun ici. que je lui dis. Après le film, en  attendant le bus  pour revenir à la maison, on décide de boire un coup sur le cours Mirabeau, il faisait un temps magnifique et on entre dans un bar , on était  deux chats pelés et un tondu. On s'installe  au comptoir et je dis au serveur

    -  Y a dégun  ..., avant que je termine ma  phrase, Francine se retourne en sursautant, un peu effrayée :

    - Ah bon il nous a suivi ?

    - qui çà ?

     - Et bien dégun

     Et le serveur et moi on explose de rire

    Et oui, c'est que la Francine savait pas que dégun chez nous çà veut dire personne

    Et les enfants de rire et de lancer des LOL à tout va, les temps changent et les expressions aussi.

     

    Lexique

     

    Dégun définit l’absence de personne

    Arapède: Nom féminin pour reprocher de coller d'un peu trop près

    an pèbre : « l’an poivre » en provençal. Définit un temps très lointain.

    La panisse est une préparation à base de farine  de pois chiches , qui se mange en friture ou dorée au four , il faut déguster les plus célèbres qui sont celles de l' Estaque ( une tuerie)

    pastaga plus communément le pastis

    Chicouloun un doigt (de vin )

     S'empeguer s’enivrer

    chapacaner  bâcler , saccager un travail 

    Agante blaise, prend, çà, écoute çà

     

    ©MBCRéas 

     

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    Cliquer sur l'image pour aller sur son blog

     

     

    Sous le soleil de septembre

     

    l'été touche à sa fin et pourtant il semble ne pas vouloir lâcher prise , il s'en  s'en va et vient , alterne douceur, soleil et pluie. Il persévère pour la plus grande joie  de certains, moi entre autres. Moi qui apprécie plus que tout cette douce langueur quand la chaleur envahit ton corps,que les sons s’estompent , que tu te trouves toute  cotonneuse , nageant entre deux eaux, le cerveau embrumé, bercée par le bruit des vagues, les rires des enfants, et les grands "splashs"  des jeux d'eau. Mais aujourd'hui assise seule, sur la plage abandonnée par les vacanciers, les habitués, les enfants retournés s'assoir sur les bancs d'école, je savoure cet instant privilégié.   Aujourd’hui c'est au calme que j'aspirais,et je ne pouvais rêver mieux que de venir m'assoir sur cette extrémité de plage, là ou les vagues viennent heurter les  roches apparentes, avec ce bruit si caractéristique du ressac sur les quelques galets,roulant sous l'effet des vagues. Les herbes folles bruissent derrière moi, comme un chuchotement continu, que se racontent elles ? Le vent souffle suffisamment pour  gonfler les voiles des quelques embarcations lancés dans la régate, je les vois s'éloigner de la cote, et j'éprouve un petit pincement au creux du ventre , une pointe d'envie de les rejoindre, d'inspirer l'air du large, de m’enivrer de cette sensation de liberté que l'on ressent à bord d'un bateau. Un jour peut être, pour l'heure, je me laisse bercer par les bruits et les odeurs marines,  mes cheveux flottent au vent, je  goûte à toutes ses saveurs iodées , je m’imprègne de certains  derniers instants  de douceur, quand je reviendrais en décembre, je ne pourrais pas m'assoir aussi longtemps, sur la grève, peut être même, l'eau sera remontée jusqu'au là, je serais obligée de  rester assise à ma voiture, pour suivre les voiliers au loin.

     

     ©MBCRéas

     

     

     

     


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  • un peu en retard mais voici pour moi

     

    Les mots  de Zazabelle

     

    GUIRLANDE   SAPIN  BOULE

    PARURE  ECLAT BLEU OR

    DECORER  EMERVEILLER CARESSER

    SCINTILLER  DOUX

     

     Atelier 22

     

     

    Antoine s’éveilla, sursauta en  ne reconnaissant pas les objets habituels de sa chambre. Puis il se souvient Ils étaient arrivés la veille et Rose  les attendaient à l’aéroport Cette femme exubérante l’avait presque étouffé sous ses baisers, après l’avoir contemplé  quelques minutes  

     

    Le regard de sa mère et le sien s’était croisés un instant complices, il savait quelles se connaissaient depuis longtemps

     

    Puis se fut ce long voyage en limousine, Rose n’arrêtait pas de jacasser promettant un Noël féerique dans sa maison de campagne,  il avait fini par s’endormir pour s’éveiller ce matin.

     

    Il ne jeta aucun regard sur la pièce, n’avait qu’une hâte retrouver sa mère Antoine se précipita sur le palier, la maison semblait immense, un bruit de voix étouffées  et des rires lui parvient, il reconnu la voix  de Lucille, et comme un phare la suivit

     

    Il dévala les marches d’un majestueux escalier pour se retrouver dans une hall immense ou trônait un somptueux sapin  décoré de boules et guirlandes  blanches et or.

     

    La lumière extérieure filtrait à travers les grandes baies vitrées venant caresser et faire scintiller les vases en cristal disposés sur la console de l’entrée

     

    La pièce se trouvait être décorée avec gout Cette parure de fête ne l’intéressait pas pour l’ instant, le petit  garçon n’avait pas le temps de s’émerveiller, un seul désir l’animait retrouver sa mère.

     

    Suivant toujours les voix, il parvint à dans la cuisine, où Rose et Lucille attablées devant  leur petit déjeuner discutaient avec entrain

     

    - Ah te voilà mon grand

     

    Il se précipita vers elle cherchant à capter son regard,  doux et triste depuis quelque temps ayant perdu cet éclat bleu pétillant qui le caractérisait , et ce depuis cette lettre et ces maudites photos.

     

    C’était Noël ce soir, il espérait qu’elle apprécierait ce jour de fête et oublierait un instant ces angoisses.

     

     

    Atelier 22

     

     

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    Angoisse


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    Pour cet atelier chez Zabelle

    Une petite suite  des aventures de  Lucille

     

    Les mots :

     

    PULL OVER  ONGLE CHEVEUX PEINTURE BRAVER PLEURER

    CAPTURER REGARDER  VIVEMENT PRESQUE MATERIELEMENT SYMPATIQUE

      

     

    Le stress la rendait maladroite, et enfilant son pull over rose, elle se cassa un ongle

    Rien de grave au demeurant, elle n’arrivait pas à discipliner non plus ses cheveux

    Elle ressemblait à un épouvantail ce matin. Elle n’avait point fermé œil de la nuit, se retournant 1000 fois dans son lit A la lueur de lumière lunaire filtrant dans sa chambre par les volets ouverts (des crises de claustrophobie l’assaillaient autrement) elle avait constaté à force de regarder le mur que la peinture s’écaillait par endroits

    Elle sentit des larmes poindre au coin de ses yeux, elle n’allait quand même pas se mettre à pleurer pour si peu.

    Elle se morigéna intérieurement et se reprit vivement Antoine allait se le réveiller bientôt, en aucun cas elle ne devait l’inquiéter

    Le soleil s’était levé, il était encore tôt mais la journée promettait d’être très ensoleillée.Malgré tout les températures restaient très basses avoisinant les moins zéro degré

    Il lui faudrait braver le froid ce matin Elle devait se rendre à l’agence de voyage acheter ses billets d’avion pour New york

    C’était décidé elle partirait la semaine prochaine rejoindre la sympathique Rose. Un vrai bonheur Rose lui ouvrait grand sa maison, elle n’avait presque pas eu besoin de s’expliquer.

    Matériellement cette expédition ne posait aucun problème, ses moyens financiers lui permettaient de s’offrir des billets en première classe, un grand confort

     

     

    Atelier 21 chez Zaza

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